Original ouvrage... je le signale à Raphaël Thomas de La Ville Brûle... qui n'a sans doute pas besoin de moi pour tomber dessus ! 600 pages que je ne lirai pas de sitôt, mais à regret. Par contre, toujours à La Découverte, je trouverai le temps pour les 180 pages de L'utopie de Norbert Elias. C'est que César n'attend pas...

L'Humanité (pour Buonarroti et pour Nietzsche) et Le Canard enchaîné (pour Napoléon III).

Si quelqu'un veut me faire belle surprise et chaude amitié, il peut m'envoyer le nouveau livre de Nicolas Offenstadt : En place publique : Jean de Gascogne, crieur au XVe siècle (Stock). Où placerais-je ce livre, au dessus de quelle pile instable chez moi ? 

J'aimerais en tout cas avoir dix ans de moins pour vivre plus intensément l'époque historiographique actuelle. Trop de choses passionnantes se publient, je n'arrive que difficilement à suivre ! Et pourtant, je dors peu.

Les livres en retard attendront, ils ne perdent rien pour attendre comme on dit.

Recadrer les choses avec sérieux et sans se laisser aller aux lunes démagogiques, c'est un peu l'objet des soirées du Cercle Léon Trotsky à Paris. Pour éviter de tout coller facilement sur le dos d'une Europe-Léviathan, voici le genre de point de vue que l'on entendra peu hélas durant la campagne à venir : "L’Europe : ni la cause de la crise du capitalisme ni un moyen de la combattre" (en podcast).

Un nouveau média et des gens chouettes : faites comme moi, allez souvent dessus. Et pour connaître leur fonctionnement et les soutenir, c'est ICI. Les hommes et les cachalots avant les multinationales !

Loin du battage médiatico-répressif et de son bruit de ferraille, voici certainement un apport plus valable aux questionnements actuels sur la prostitution : le n°198 de la revue fondée par Bourdieu, les Actes de la Recherche en Sciences Sociales. Pas juger mais comprendre (et laisser parler). Un titre expressif : "Prostitution : l’appropriation sécuritaire d’une cause victimaire". Dames patronnesses ou féministes grandes-bourgeoises seraient bien inspirées de se procurer ce numéro, avant de prêcher ou de fulminer.

Pas si loin... je rappelle l'existence de ces pages dont la lecture en 2002 m'avait marqué : "La syndicalisation des strip-teaseuses et des prostituées" (in Les Temps Maudits n°12).

Quelle drôle d'idée aura eu ce Festival, heureusement abandonnée ! Je conseillerais aux organisateurs une double lecture : Mona Chollet et Claude Guillon. Cela aurait peut-être évité un épisode pénible (ou bien je crois trop à la force des livres ?). Je précise que j'écoute et apprécie bien des choses dans le métal, une musique de l'énergie et violente*, donc qui me convient. Une note dédiée aux membres de Grünt-Grünt... à voir et écouter en concert.

* Et depuis que Zizek a écrit ses Variations Wagner, la vie est une plume - et non un poil - plus légère. 

J'imagine au passage que César a une belle notice dans ce Dictionnaire des chefs d’état homosexuels ou bisexuels de Didier Godard (H&O). Qui veut l'offrir à Christine Boutin ?

La lecture qui va accompagner ces quelques jours à venir, très dense et prenante, et riche de récompenses : le Jules César de Carcopino (Bartillat). 600 pages, cela permet de s'installer et de conquérir un pays intellectuel éphémère, en rapport singulier à l'auteur mort. Sans circonvallation ni contrevallation.

[Sans d'autres limites que la mort : du sujet, de l'auteur, du lecteur. La mort qui plane sur nous, qui ronge l'esprit et les os, et que Jésus, nous dit-on, serait venu vaincre]

Depuis les Lumières surtout, une cosmopotique de l'intelligence est ainsi possible, précieuse mais fragile. Le livre de papier y participe, en est condition*. Pour preuve, ce petit bijou de Walter Benjamin, et les conditions de sa première diffusion. Boucle des Lumières dans les ténèbres nazies.

Quand la flamme vacille et se rallume, ce n'est pas pour brûler un livre, mais pour le lire quelque part, tout à la fois seul et très accompagné. En secrète et délicate sympathie avec d'autres lecteurs présents et à venir. Une communauté des vivants et des morts tout autre que celle de Barrès.

Car si j'écris vivant, c'est pour les lecteurs vivants qui me liront, moi mort. Surtout pour eux.

* C'est ce qui anime mes amis de la revue Pré Carré.

Déjà la 13e édition de "Colères du présent" à Arras, avec une belle affiche de Zeina Abirached (comme moi éditée chez Cambourakis). Si un tel salon persiste, c'est bien qu'il est non seulement inscrit dans le paysage... mais témoin de l'état de la société : la critique sociale est plus que jamais nécessaire. L'Humanité consacre ce mardi une double page au salon, avec notamment une interview de François Annycke, président du salon.