En dehors de la sphère de l'hyper-actualité se dévorant elle-même dans un sac sans fonds agité d'un bougisme épileptique, le net peut réserver de bonne surprises. Si on l'utilise par exemple comme une tour d'Alexandrie bâtie sur fondements de sable.
Exemple, je ne lis que maintenant ce petit dossier orné de vidéos et témoin d'une soirée d'il y a bientôt trois ans, consacré à la collection littéraire d'Ego comme X.
Quand Lionel Tran s'interrogeait en disant "Peut-être que le fait que le livre soit publié par Ego va lui permettre de rencontrer d'autres lecteurs", je ne peux qu'acquiescer : je fais partie de ces lecteurs qui n'auraient sans doute pas connu Sida mental autrement, même si je suis (un peu de loin) les activités de Terre noire. Un livre qui se détache dans la folle surproduction actuelle, et qui garde sa force intacte, d'où souffle un vent brûlant.
Lire quelques auteurs vivants, tout de même, c'est garder l'impression de ne pas être soi-même un cadavre de témoignage. Je me rassure comme je peux, avant qu'une Pléiade ne fracasse ma tête en équilibre instable.
Et comment se repérer dans ces tonnes de livres qui circulent comme des toupies entre la fabrication et le pilon ? Prendre un auteur, le détacher de la foule grondante et le garder au chaud, suivre son activité et attendre.
Me moquant de toutes les rentrées littéraires, je sais au moins qu'ici ou là, on ne se fout pas de ma gueule.
Nuage de mouches du désespoir, vacuité et ennui, médiocrité des temps de Restauration, fils sur-désenchantés de Fabrice, Lucien, Julien : quand on peut percer la nuée, on ne s'en plaint pas.