Alors que le temps est aux certitudes et facilités, telles ou telles, que l'on voudrait même passer outre les échecs et les ravages d'un faux socialisme de presque un siècle, caricature souvent hideuse, destructrice d'illusions et d'utopistes, faire du mal avec l'espoir du bien, subordonner toujours d'hypothétiques fins à d'inhumains moyens, compter large et tenir pour rien les oeufs de l'omelette... il est bon de rester en sympathie avec une oeuvre courageuse comme celle de George Orwell. Elle a ceci de passionnant qu'elle constitue une tentative, pleine de modestie, de lier les questions sociales et celles de la liberté, l'adéquation des fins et des moyens, et de penser l'aliénation qui concerne tout le monde, "dominants et dominés".
Un numéro passionnant de la revue Agone, issu d'un colloque tenu l'an passé, développe le thème "Orwell, entre littérature et politique". A lire, en tentant de se tenir loin de toute doxa, notamment celle qu'on pourrait être tenté, soi-même, de développer chaque matin en réaction au monde.
A signaler aussi chez Agone (éditeur qui tenait l'un des plus beaux stands au Salon du livre de Paris) La cité à travers l'histoire et Résister à la chaîne.